Croix-Rouge Française : Évaluation à mi parcours programme 3 Océans / Ready Together

Contexte

Les Petits États insulaires en développement, qui représentent 29 % des États membres de l’ONU, sont les plus vulnérables face aux catastrophes naturelles et aux effets des changements climatiques. Signataires de la Déclaration de Samoa (2014) qui inclut également des territoires ultramarins, ils se sont unis pour porter une voix commune sur la scène internationale afin d’attirer l’attention à l’échelle internationale sur le fait que les catastrophes naturelles constituent l’un des principaux facteurs de déstabilisation des communautés dans les trois bassins du sud-ouest de l’océan Indien, de la Caraïbe et du Pacifique Sud.

Face à l’accroissement des risques de catastrophes d’origine naturelles, lié à l’augmentation d’actifs humains et économiques sur des zones à risques, mais également aux effets induits du changement climatique, la Réduction des Risques de Catastrophes (RRC) constitue l’un des enjeux majeurs du Développement pour les années à venir. La RRC s’inscrit donc à la croisée de plusieurs des chantiers stratégiques de l’AFD : pouvant contribuer à l’adaptation au changement climatique, c’est un outil indispensable pour agir sur les vulnérabilités et construire des sociétés résilientes. C’est aussi un levier pour réduire les inégalités sociales et territoriales.

Au regard de l’impact du changement climatique, les aléas deviennent de plus en plus fréquents et violents. La dégradation de l’environnement, le changement climatique et les catastrophes font peser une menace sur les économies, les moyens d’existence et les cultures des trois zones visés par ce programme, ont une incidence sur un large éventail de secteurs tels que les ressources naturelles, l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé publique et les infrastructures.

Au cours des dix dernières années, plus de dix millions de personnes ont été affectées par des catastrophes naturelles dans la zone du Sud-ouest de l’Océan Indien. Le manque de préparation des populations augmente sans cesse le nombre de personnes affectées par les catastrophes naturelles. Ces aléas de forte intensité compromettent l’accès à la santé, à l’éducation et à la sécurité alimentaire dans la majorité des pays de la région, qui sont confrontés à des problèmes structurels de développement (faible développement des infrastructures et des services publics, marchés enclavés…) et à des enjeux stratégiques communs liés à l’insularité.

La Caraïbe comportant les Grandes Antilles, les Petites Antilles et le Plateau des Guyanes est une de celles les plus exposées aux risques naturels et sanitaires. Ces derniers, nombreux et de nature diverse, sont exacerbés par différents facteurs de vulnérabilité des populations : caractère insulaire de la plupart des territoires, coût de la vie et niveau de pauvreté élevés, flux migratoires complexes, densification urbaine rapide. Ces risques sont accrus aussi par un processus de changement climatique qui influe sur la fréquence, l’intensité et l’imprévisibilité des aléas, fragilisant les capacités de résilience locale et les processus de développement, et imposant un effort et un rythme d’adaptation soutenus des populations et des institutions caribéennes.

Dans un environnement opérationnel complexe en raison d’un contexte géographique en archipel et de capacités institutionnelles très hétérogènes, différentes faiblesses affectent l’efficacité de réponse aux crises et catastrophes dans la Caraïbe : une planification de la réponse peu structurée, des schémas de coordination diversement inclusifs, des niveaux de capacités opérationnelles et logistiques des acteurs d’urgence fragiles, des niveaux de pré-positionnement de biens humanitaires insuffisants, des moyens de projection non organisés, des équipes de réponses en nombre insuffisant, notamment sur des technicités essentielles.

Situées dans une zone surexposée à des risques multiples – cyclones, inondations, éruptions volcaniques, tremblements de terres et tsunamis – les îles de l’Océan Pacifique Sud sont particulièrement vulnérables en raison de leur taille et la fragmentation géographique. Dans cet océan se trouvent en effet 4 pays parmi les 10 plus à risque au monde (le Vanuatu, les îles Salomon, les îles Tonga et la Papouasie-Nouvelle-Guinée). Le changement climatique, les catastrophes naturelles, les maladies non transmissibles, l’égalité entre les sexes et l’emploi des jeunes sont donc autant de problématiques transversales communes à la région, auxquelles viennent se superposer des priorités nationales souvent urgentes. La connexion entre les îles étant difficile et coûteuse, certaines sont particulièrement isolées causant alors des problèmes structurels de développement. Dans cette région, les pertes moyennes annuelles suite aux catastrophes naturelles montent à 284 millions de dollars. Les ressources disponibles pour faire face aux catastrophes, sont dans cette région dirigées vers l’aide humanitaire et la reconstruction plutôt que vers la prévention.

Aperçu du programme 3 Océans

Le programme 3 Océans vise à renforcer les capacités opérationnelles humanitaires de 13 Sociétés nationales de la Croix-Rouge (Haïti, Antigua & Barbuda, Dominique, Sainte-Lucie, Saint Vincent & Les Grenadines, le Mozambique, la Tanzanie, les Comores, Madagascar, les Seychelles, la République de Maurice, le Vanuatu, les îles Salomon et les territoires français de La Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion, Mayotte, Wallis-et-Futuna et la Nouvelle Calédonie) en termes de stockage adéquat, de processus de gestion et de déploiement des stocks, de reconstitution, contrôle de la qualité, coordination, etc. pour mieux répondre aux catastrophes et aux besoins urgents des personnes touchées.

En outre, le renforcement des capacités logistiques et opérationnelles nationales est intégré aux niveaux régionaux (océans Indien, Pacifique et Caraïbes) afin de faciliter un soutien mutuel efficace entre les territoires voisins en cas de catastrophes et d’améliorer également l’ensemble des mécanismes de réponse régionaux. Le dispositif veille à s’inscrire au sein des politiques nationales et régionales de gestion des catastrophes et à renforcer leur capacité. Il cherche également par son action de plaidoyer à améliorer les dispositifs de préparation et de réponse aux catastrophes.

Enfin, le projet vise à renforcer la résilience des populations des 3 bassins océaniques face aux catastrophes liées aux aléas naturels et sanitaires ainsi qu’aux conséquences du changement climatique par la mise en œuvre d’actions de prévention et de sensibilisation des communautés vulnérables et des actions d’accompagnement des petites et moyennes entreprises face aux aléas climatiques. Ce travail s’appuie notamment sur l’amélioration de la compréhension des phénomènes induits par le changement climatique et/ou les comportements/moyens pour se préparer et faire face à une catastrophe.

En résumé le programme 3 Océans se déploie autour des volets suivants:

1. Intégrer la gestion des risques de catastrophes naturelles et sanitaires dans les stratégies et dans les opérations des acteurs clés.
2. Mieux se préparer à répondre aux catastrophes naturelles et sanitaires.
3. Adapter l’approche de gestion de risques de catastrophes à base communautaire et en milieu scolaire au contexte des petits États insulaires pour identifier les meilleures pratiques et améliorer le plaidoyer.
4. Développer, consolider, capitaliser et partager des approches/des outils innovants pour renforcer les capacités des acteurs.

Ce Programme est déployé par une entité spécifique de la CRF pour chacune des 3 zones.

• Zone Océan Indien: la PIROI (Plateforme d’intervention régionale de l’Océan Indien): basée à La Réunion, couvrant l’archipel des Comores, Madagascar, les Îles créoles (la Réunion/Maurice/Seychelles)
• Zone Caraïbes: PIRAC (Plateforme d’intervention Régionale en Amériques et aux Caraïbes): basée à la Guadeloupe, couvrant les petites Antilles et le plateau des Guyanes (Guyana, Suriname, Guyane)
• Zone Pacifique Sud: Plateforme d’intervention Pacifique Sud (représentée par la délégation territoriale de Nouvelle Calédonie de la Croix Rouge française), couvrant la Nouvelle Calédonie, Wallis et Futuna, les Îles Salomon et les îles Vanuatu.

Les plateformes d’intervention décentralisées régionales (PIR) ont le rôle d’améliorer la préparation des populations à la survenue des catastrophes et permettent une meilleure réactivité et une plus grande flexibilité des activités de réponse à l’urgence car elles sont intégrées dans leur environnement régional (chaque PIR intervient dans la zone géographique qui l’entoure).

Parmi leurs actions, on compte les campagnes de sensibilisation et de communication sur la thématique de la gestion des risques de catastrophes (GRC), le plaidoyer, la coordination multi-acteurs, le renforcement de capacités en GRC des acteurs, le prépositionnement de matériel et de kits d’urgence, le déploiement des équipes, les formations autour du cycle de gestion des catastrophes, la sensibilisation à la GRC dans les écoles, le renforcement de la résilience des PME face aux catastrophes, la recherche innovation notamment sur les actions basées sur les prévisions.

Le programme a démarré le 1er janvier 2019 et se terminera le 31 décembre 2024. Composé de 2 phases, il est financé par l’Agence Française de Développement et le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). Le projet READY Together, financé par le FEDER, mis en œuvre par la PIRAC dans la zone Caraïbes fait partie intégrante du projet 3 Océans. Il s’inscrit dans l’axe prioritaire 3 « Renforcer la capacité de réponse aux risques naturels » du programme INTERREG Caraïbes et l’objectif stratégique 5 « Accroître la capacité de réponse ».